Ce bateau, mais est-ce vraiment un bateau n’a pas de nom. Nous l’avons nommé :
« « TrashNouka » tenant compte de son origine.«
Nouka : Au Bangladesh, « Nouka » d’origine sanscrite, est le nom générique des petits bateaux construit en bois.
Trash : Comme son nom l’indique désigne les ordures ; les rejets… « trash » est bien sûr d’origine anglaise. C’est dans cette idiome que sont nommés les constructions récentes.
Arrivés au bout de la spirale de la pauvreté, certains pêcheurs du Bangladesh n’ont plus les moyens ni de reconstruire leur bateau délabré, ni d’en louer un autre auprès des habituels usuriers. Marginalisés dans la société bangladaise, ces pêcheurs n’ont d’autre ressource que la mer pour nourrir leurs familles. Du fait de certaines activités industrielles les plages restituent parfois de nombreux objets flottants ; du polystyrène par exemple.
La collecte de ces pêcheurs commence sur les plages et continue parfois dans les entrepôts et chantiers de constructions de chambre froides où ils peuvent récupérer à bas prix les chutes de ce matériaux convoité.
- Le polystyrène assurera la flottabilité, reste à assurer la forme de cet esquif.
- Des lattes de bambou neuves ou d’occasion serviront à assurer des formes générales.
- Des filets usagés permettront de contenir les morceaux plus ou moins réguliers de la mousse expansée
- Des avirons de bambous assureront la propulsion
« Le bateau est ainsi paré. »
Lorsque Yves Marre et les équipes ont découvert les premiers TrashNouka sur la plus longue plage du monde, ils pensaient naïvement qu’ils étaient des engins de plages fabriqués par des enfants ingénieux.
Mais alors que ils faisaient les essais du fameux Bateau Lune naviguant dans la même région, nous avons rencontré des équipages naviguant à bord de TrashNouka à plusieurs miles des côtes. La mer était belle et tout allait bien, à part l’effort à ramer pour faire avancer ce TrashNouka dont les parois trainent tant d’eau.
Les équipes ne voulaient pas imaginer son comportement à la première déferlante ! Du fait de sa trainée, les rameurs n’arrivent pas à remonter les courants de marée. On les voit atterrir où ils peuvent et devoir remorquer leur TrashNouka à pied depuis la plage jusqu’à leur point de départ.
L’objectif de l’association Watever est d’éradiquer cette extrême pauvreté et dangerosité pour ces travailleurs de la mer. Cette tâche sera longue car elle passe par des changements sociétaux importants. L’expérience de l’association de ces milieux permettra à terme de proposer des solutions durables. Mais dans un premier temps, l’urgence est de répondre aux naufragés. Watever a ainsi crée la une société de sauvetage: la MSRS (Maritime Search & Rescue Society). Elle devra aller porter secours à ces valeureux marins dont la résilience et la volonté enseigne chaque jour des leçons de courage.