Le Patham Nouka est le bateau le plus représentatif du bassin de la Meghna,Patham Nouka3
le troisième plus grand fleuve du Bangladesh collectant les eaux du Pays des Nuages, le Meghalaya indien.

Construction du Patham Nouka: les bateaux agrafés

C’est aussi le plus symbolique des bateaux agrafés de la flotte bangladaise. Son nom d’ailleurs, « Patham » signifie : agrafe. L’harmonie de ses formes est remarquable autant pour l’élancement de sa coque que la courbure de son toit de bambou.

 Utilisation commerciale du Patham Nouka :

La taille de ce bateau se limitait à environ 18 – 20 mètres et s’il a transporté toutes les denrées habituelles, les ressources de son bassin fluvial l’ont amené à terminer sa carrière comme transporteur de pierres apportées au pied des massifs indiens par les torrents de la mousson, jusque dans les zones urbaines ou elles sont cassées pour constituer le gravier utilisé pour les constructions en béton et les soubassements routiers. Les cargaisons furent parfois aussi constituées de charbon indien destiné à alimenter les innombrables fours à briques entourant les agglomérations.

Patham Nouka6La propulsion de ce bateau était effectuée par une ou deux très larges godilles positionnées sur l’extrémité de la poupe aidées par un nombre impair de rameurs postés sur les traverses du tiers avant.

Curieusement, l’avant n’a jamais été ponté et l’eau des pluies abondantes devait être régulièrement écopée par le mousse. Le splash de l’eau tombant dans la rivière rythmait d’ailleurs la marche de ce bateau.

Lors de la mousson d’été, les vents de secteur Sud-Ouest gonflaient une voile rectangulaire écartée par une livarde. Certains Pathams utilisaient un système symétrique de deux voiles en ciseaux.

Une anomalie caractérise la forme de ce bateau ! Il est le seul de la flotte bangladaise, à part quelques petits dinghies, à
avoir une proue plus élevée que la poupe. Une légende essaie d’expliquer cette spécificité : … « Il était une fois un marinier qui naviguait avec son épouse installée sur le Goloï de la proue. Des pirates déguisés en petits pêcheurs s’approchèrent et enlevèrent la bien-aimée. Comme la proue du Patham, en ce temps-là était basse comme sur tous lesPatham Nouka1 autres bateaux, le marinier mari ne put se rendre compte de son enlèvement car le Goloï de la proue était masqué par le toit du navire. Après s’être remarié et pour éviter pareille mésaventure à sa seconde épouse, il inversa la marche de son bateau ; la haute Poupe devenant la Proue ! ».

Disparition et conservation du patrimoine du Bangladesh:

Ce magnifique bateau a disparu il y a 12 ou 13 ans, au profit de bateaux métalliques. Le seul exemplaire restant fut reconstruit par les derniers charpentiers de la Meghna sous la direction d’Yves Marre et peut être vu sur la rivière Bongsai à Savar près de Dhaka.


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